Depuis une dizaine d’années, je suis mobilisé aux côtés de mes amis d’Otages du monde sur le sujet d’otages français. A l’annonce de la libération de Sophie Pétronin, j’ai ressenti une grande joie et un profond soulagement, aussitôt partagés avec son fils et mes amis de combat, Ingrid Betancourt, Nicolas Hénin, Martine Gauffeny, Pierre Legrand…. Certains d’entre eux ont traversé la même épreuve que Sophie Pétronin et j’essaye de les aider avec humilité mais surtout de soutenir leurs actions et de les partager avec le Président de la République, mes collègues de l’Assemblée Nationale, les collectivités de ma circonscription et toutes les personnes que je côtoie.
Les autorités françaises n’ont rien économisé de leurs efforts pour ramener Sophie Pétronin. Il était très complexe d’atteindre ceux qui la détenaient. Au moment de son enlèvement, au Mali, divers groupes terroristes fusionnaient. On a assisté à une véritable compétition entre Daesh et Al-Qaîda. Ajoutons à cela que le paysage géopolitique était extrêmement instable. En mai 2019, lors de l’hommage aux membre du commando Hubert décédés lors d’une opération de libération d’otages au Burkina Faso, Emmanuel Macron a tenu à mentionner le nom de Sophie Pétronin dans son discours et a précisé qu’on ne l’oublie pas. Cela a toujours été la teneur de nos échanges.
Mais les négociations de cette libération ont été menées par les autorités maliennes dans l’optique de libérer l’opposant malien, Soumaïla Cissé. J’entends la polémique enfler sur la remise en liberté de djihadistes incarcérés. Nous n’avons aucune autorité sur les décisions souveraines prises par les autorités maliennes.
On me demande mon avis sur les contreparties négociées dans le cadre de libération d’otages. Quand bien même j’aurais des détails, je ne commenterais pas. J’ai pour habitude de ne jamais épiloguer sur ce sujet. Tout commentaire favorise la prise d’otages et nuit de façon certaine à d’autres libération. Il ne faut pas oublier qu’une otage colombienne, enlevée en 2017, est toujours détenue. Je déplore qu’on n’en parle pas.
D’autre part, j’entends aussi les reproches qui sont faits à Sophie Pétronin d’avoir déclaré qu’elle s’est convertie à l’Islam. Elle a expliqué aussi sa volonté d’avoir voulu rendre sa vie plus facile en captivité. Qui peut dire ce qu’il ferait en de pareilles circonstances ? S’adapter, résister,… Lorsque cette femme de 75 ans évoque le souhait de repartir un jour au Mali, elle pense peut-être encore aux enfants Maliens dont elle s’est longtemps préoccupée. Gardons-nous de juger des propos tenus à chaud après 4 années de captivité, loin de tout. Le temps est venu pour elle de profiter de ses proches.