Ce jeudi 27 juin, j’étais interpellé par le mouvement Cocquelicot Trégor, émanation costaromoricaine de l’association Nous voulons des coquelicots, sise à Paris et adossée à une ONG écologiste dont les liens avec l’industrie du bio sont bien connus. La veille, le président du mouvement, Fabrice Nicolino, m’interpellait également sur son site internet et se livrait à plusieurs amalgames malencontreux.
Ainsi m’accusait-il, en demandant la création d’un observatoire de l’agribashing, de m’allier au lobby des pesticides et de méconnaître l’intérêt général qui guide mon mandat. Le raccourci est bien fragile, surtout pour ceux qui rencontrent régulièrement des agriculteurs sur nos territoires et constatent que les exactions qu’ils subissent sont loin d’être, malgré ses dires, « une invention de communicants ».
Ainsi, vouloir prendre la mesure d’un phénomène, c’était soudainement devenir pro-pesticides et pro-élevage intensif, et c’était dresser les agriculteurs contre les consommateurs. N’en déplaise à mes ventriloques, cette initiative ne vise pourtant qu’un seul objectif : recenser les actes de malveillance à l’encontre des agriculteurs et accompagner les victimes.
Si cet observatoire ne conclut à rien de tangible, nous pourrons nous en satisfaire. D’ici là, éliminer son utilité a priori me semble parfaitement irresponsable. C’est oublier qu’il existe, au-delà des Coquelicots, d’autres lobbies plus radicaux qui préfèrent la violence au respect de l’Etat de droit pour défendre leurs idées.
Quant au dialogue qu’ils préemptent mais m’accusent d’éviter, je ne le refuse point, bien au contraire. Les Coquelicots de Paimpol ou Lanleff pourront en témoigner : je les ai rencontrés, nous avons échangé, et jamais personne ne m’a abordé en donnant l’impression qu’il est un adversaire. Le sujet est bien trop sérieux pour se complaire dans les postures et les caricatures.
Je ne néglige pas que notre agriculture évolue sous l’impulsion d’attentes sociétales, et qu’elle deviendra demain plus respectueuse de la santé et de l’environnement. Je m’en félicite. Certes, du chemin reste à parcourir, mais nous accompagnons cette transition via des mesures fortes, comme l’interdiction des néonicotinoïdes au 1erseptembre, la sortie du glyphosate en 2020, ou l’interdiction d’importer des denrées ne répondant pas aux standards européens.