🛣️​ A69 : le Parlement est légitime à dire le droit, dans une loi de validation.

Je vous remercie de vos nombreux courriers, très fortement identiques, m’incitant à refuser de voter une loi de validation de l’A69 et de respecter l’Etat de droit. Je ne mesure pas, parmi vous qui avaient pris la peine de m’écrire, combien sont résidants d’Occitanie.

Je comprends que ces courriels ont tous Ă©tĂ© Ă©crits avant que, le 28 mai dernier, la Cour administrative d’appel de Toulouse prononce le sursis Ă  l’exĂ©cution de la dĂ©cision du tribunal administratif.  La Cour a statuĂ© que le chantier pouvait reprendre courant juin en attendant la dĂ©cision dĂ©finitive, prĂ©vue pour 2026.

Dans le plein respect de l’Etat de droit, appelé de vos vœux, je suis donc convaincu que vous laisserez ces travaux reprendre, tout comme vous ne manquerez pas de condamner les manifestations illégales, y compris en se perchant dans des arbres devant l’Assemblée nationale, ce jour.

Sur le fond, un jugement a estimĂ© que l’A69 qu’il n’y avait pas suffisamment de raison impĂ©rative d’intĂ©rĂŞt public majeur Ă  la liaison autoroutière entre Castres et Toulouse. 

Cette décision allait à l’inverse de toutes les décisions politiques et judiciaires précédentes, y compris les décisions conformes de 2023, en référé, au Tribunal administratif de Toulouse et le Conseil d’Etat, de novembre 2023, confortant l’autorisation environnementale, accordée au délégataire.

La décision du Tribunal administratif de février 2025 juge en opportunité sur l’enclavement ou pas du territoire de Castres et Mazamet, sur l’accidentologie de la RN126 voire le coût de ce tronçon autoroutier. Ce même tribunal estimait d’ailleurs dans un référé de janvier 2025 que « les impacts environnementaux ont d’ores et déjà été produits à l’échelle globale du chantier ».

La question posĂ©e est finalement :  les Tribunaux sont-ils les mieux placĂ©s ou ont-ils un monopĂ´le de compĂ©tence sur ces sujets d’amĂ©nagement du territoire, d’accidentologie et de coĂ»t des transports.

S’il existe un Code des Transports, il ne rĂ©git pas les coĂ»ts de dĂ©placement autoroutiers, l’accidentologie est un sujet statistique et d’amĂ©nagement routier, mais pas pleinement juridique et les questions d’enclavement et d’amĂ©nagement du territoire peuvent ĂŞtre pris en compte par les tribunaux, rarement, mais aussi par les Ă©lus locaux, dĂ©partementaux, rĂ©gionaux et mĂŞme nationaux. 

En la matière, les trois derniers Présidents de la République, les deux derniers présidents de Région et 90% des élus locaux se sont toujours prononcés en faveur de ce tronçon autoroutier.

Et oui il convient que l’intérêt public majeur soit défini ou redéfini par les représentants de la Nation et que les juges, en plein doutes, soient mieux armés dans leurs décisions. C’est cela l’Etat de droit, c’est une des conditions de notre démocratie et de notre vivre-ensemble. Il s’agit simplement de garantir que tous – chacun d’entre nous – respectent les règles de droit adoptées par les représentants que nous élisons et par le Gouvernement qui en émane. Oui le Parlement adopte les lois.

Le Parlement adopte très rĂ©gulièrement des lois dites de validation. La validation lĂ©gislative tend Ă  soustraire au risque d’annulation par le juge un acte ou une sĂ©rie d’actes qui sont gĂ©nĂ©ralement des actes administratifs.

Elle a pour caractĂ©ristique d’avoir une portĂ©e rĂ©troactive, ce qui vous la rend suspecte de porter atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© juridique ou Ă  l’Etat de droit. C’est ce qui a conduit le Conseil constitutionnel Ă  dĂ©finir un ensemble de critères Ă  l’aune desquels la mesure de validation est apprĂ©ciĂ©e. La jurisprudence du juge constitutionnel, et encore davantage celles du Conseil d’État et de la Cour de cassation, influencĂ©es par la jurisprudence de la Cour europĂ©enne des droits de l’Homme, ont Ă©voluĂ© dans le sens d’une plus grande fermetĂ©.

Variant de quelques unitĂ©s Ă  une vingtaine chaque annĂ©e au cours de la dernière dĂ©cennie, les mesures de validation sont le plus souvent dissĂ©minĂ©es dans les textes de loi mais peuvent Ă©galement faire l’objet d’une loi spĂ©cifique. C’est l’objet de la proposition de loi que nous discutons ce jour.

La loi de validation sera donc probablement déférée au Conseil constitutionnel, qui validera ou invalidera cette loi, somme tout classique, de validation.

Ce sera la dernière station avant l’autoroute. Ou pas.